L’Abbaye de Quincy est située sur le territoire actuel de la Commune de Commissey (dans le département de l’Yonne à proximité immédiate de Tanlay). Fondée en 1133 par douze moines envoyés par Hugues de Mâcon, abbé de l’abbaye mère de Pontigny, deuxième fille de Cîteaux fondée en 1114, Quincy deviendra la sixième fille de Pontigny.
L’implantation de la nouvelle fondation eut lieu initialement à quelque distance du lieu actuel en un emplacement appelé « Quincerot » ou le « Vieux Quincy » qui deviendra une grange à la suite de son abandon.
C’est donc dans un lieu à assainir nommé « Arche » que s’implanta la petite colonie conduite par son premier abbé, Hugues 1er.
Ce sont trois chevaliers du comté de Tonnerre, Hélie de Rougemont, Royer d’Ancy et Bernard Ambésas qui concédèrent aux religieux, les premiers terrains nécessaires à leur installation. C’est ce qu’indique une pancarte de l’évêque de Langres, Geoffroy de la Roche-Vanneau, délivrée entre 1140 et 1144.
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On le constate, les grands barons du voisinage comme le Comte de Champagne (Thibaut IV de Blois dit encore Thibaut II de Champagne ou le Grand Thibaut), les ducs de Bourgogne, Hugues II (1103-1143) et Eudes II (1143-1162) ou le comte de Nevers, Auxerre et Tonnerre, Guillaume II, furent très peu impliqués dans les premières libéralités.
L’abbaye bénéficia d’une certaine prospérité durant le premier siècle de son existence. L’abbatiale fut consacrée en 1139. Mais dans le courant du XIIIème siècle elle sera impliquée dans de nombreux conflits, surtout de voisinage. Elle subira ensuite les effets de la guerre de Cent ans. Si elle semble avoir retrouvé une relative prospérité à la fin du Moyen Âge, cette accalmie fut de courte durée. L’abbaye fut durement éprouvée par les guerres de religion et l’institution de la commende. L’abbaye eut à connaître un épisode tragique durant cette période particulièrement troublée.
Le premier abbé qui reçut en commende l’abbaye de Quincy fut en 1560, Odet de Châtillon (Châtillon-sur-Loing). Il était le fils de Gaspard de Coligny 1er, Maréchal de France et de Louise de Montmorency. Destiné à une carrière ecclésiastique, il fut pourvu par une faveur, de l’archevêché de Toulouse, à l’âge de dix-huit ans, qu’il échangea avec l’évêché de Beauvais qui lui conférait la qualité de pair de France. Le pape Clément VII le fit cardinal au titre de Saint Adrien. A l’instar de ses frères, Gaspard de Coligny et d’Andelot, Odet va embrasser la religion réformée ce qui lui vaudra l’excommunication du pape Pie IV en 1563. Il épousa l’année suivante Elisabeth de Haussonville, qu’on a surnommé à l’époque, Madame la Cardinale ou Madame la Comtesse de Beauvais.
Odet demeurait à Tanlay, dans le château qui appartenait à son frère d’Andelot. C’est là que se réunissaient l’amiral de Coligny, le prince de Condé et de nombreux gentilshommes, tous convertis à la religion protestante. Cette proximité ne sera pas sans conséquence. Sans doute en réponse à des exactions commises par le parti catholique, les Huguenots mirent à sac l’abbaye voisine de Molosmes. Quincy était trop proche de Tanlay pour échapper à la furie et c’est des mains de son abbé qu’elle reçut le coup le plus terrible. Les moines furent assassinés dans leurs cellules. Quelques autres furent enterrés jusqu’au cou sur la chaussée de l’étang et les huguenots lancèrent sur les têtes qui émergeaient d’énormes pierres. Une partie des bâtiments fut incendiée.
Lorsque la paix reviendra, l’abbaye tentera de se relever mais l’institution de la commende et le relâchement des meurs finirent par avoir raison de la vie conventuelle. A la veille de la Révolution, l’abbaye ne comptait plus que quatre religieux.
Quincy a eu de nombreuses possessions dans le Châtillonnais. L’abbaye a possédé pas moins de neuf granges dans la vallée de la haute Seine, (Semond et Meursauge et leurs annexes), situées à environ 40 kilomètres à vol d’oiseau de son siège. Comment expliquer cette situation qui n’était guère conforme aux exigences des statuts de l’ordre cistercien, selon lesquels, les granges ne devaient pas être éloignées de plus d’une journée de marche de l’abbaye (environ 25 kilomètres)
De nombreux établissements monastiques occupaient déjà l’espace à proximité immédiate du siège de l’abbaye lors de sa fondation (Molosmes, Molesme, Pontigny, Fontenay). Il a fallu chercher ailleurs les biens nécessaires à sa dotation.
L’ensemble des bâtiments monastiques et leurs dépendances furent vendus comme biens nationaux, le 4 mai 1791, et adjugés à Guillaume-François-Martin Desprez, de Tonnerre, au prix de 124 049 livres. Les biens avaient été mis à prix à 60 716 livres.
Ils furent revendus le 23 novembre 1822 à Louis Thévenin, marquis de Tanlay.
Les bâtiments sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1926. Ils sont aujourd’hui ouverts à la visite. Tél : 03 86 75 87 03. Messagerie : abbayedequincy@wanadoo.fr