La couronne cistercienne

Le Châtillonnais et sa couronne cistercienne

Les grands espaces sauvages et boisés du Châtillonnais, si propices à l’accueil d’une abbaye, ne semblent pas avoir eu la faveur de Cîteaux. Aucune de ses descendantes n’a cru bon d’élire domicile dans cette partie de la Bourgogne septentrionale. Quelle ingratitude à l’égard d’un pays qui a donné naissance à l’ordre, par ses pères fondateurs, tous issus de Molesme, et qui, de surcroit, a contribué à son prodigieux essor, grâce à l’un de ses enfants, saint-Bernard.
Le Châtillonnais s’est contenté d’avoir à sa périphérie immédiate un certain nombre d’abbayes parmi les plus prestigieuses par leur rayonnement. Auberive et Longuay ont préféré la Vallée de l’Aube dans cette partie haut-marnaise de la Montagne Châtillonnaise. Puis c’est Clairvaux, la grande abbaye champenoise, devenue le pôle de la chrétienté occidentale au XIIème siècle, au temps de son premier abbé. Nous trouvons au nord de Mussy-sur-Seine, sur le territoire de Celles-sur-Ource, dans la vallée de l’Ource, la trop discrète Mores, fondée en 1153 quelques jours seulement après la mort de saint Bernard. De cette abbaye, il ne subsiste aujourd’hui que le souvenir. Au nord-ouest, c’est Quincy, fondée en 1133, dont l’histoire a été chaotique et par instants tragique. En s’éloignant quelque peu, nous découvrons Pontigny, deuxième fille de Cîteaux, fondée en 1114 qui n’a pas eu la gloire de sa prestigieuse sœur cadette, mais dont le premier abbé, Hugues de Mâcon encore appelé Hugues de Vitry, fut un ami et un compagnon de destinée de Bernard. Plus au sud, l’abbaye de Reigny, sur le territoire de la commune de Vermenton dans le département actuel de l’Yonne, était à l’origine un prieuré, qui s’est rattaché à l’ordre cistercien en 1128. A l’extrémité ouest de cette couronne, Fontenay, près de Montbard, nous a laissé un ensemble architectural presque intact, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

 

 

 

Si les moines blancs n’ont pas jugé bon de s’installer dans le châtillonnais, ils devinrent très tôt propriétaires, dans le secteur, de biens qui accompagnèrent la fondation de leurs maisons. Des unités agricoles, appelées « granges », souvent préexistantes et occupant fréquemment des ilots intra-forestiers leur permirent de développer l’activité agro-pastorale, valoriséé par ailleurs par les nombreux droits d’usage, dont ils ont bénéficié dans une forêt omniprésente.