C’est là que tout a commencé. Les premiers religieux qui prirent possession de la butte qui domine la vallée de la Laignes en cette fin d’année 1075 étaient loin de penser aux conséquences qu’allait engendrer leur fondation.
Or, si l’importance d’un fait historique se mesure à l’étendue des conséquences qui en résultent, on peut dire que la fondation de Molesme constitue un évènement de première grandeur dans l’histoire monastique. En effet, après quelques années seulement, la nouvelle abbaye va se trouver impliquée dans la création de deux ordres monastiques majeurs de la chrétienté médiévale.
C’est de Sèche-fontaine, près de Bar-sur-Seine, terre mise à sa disposition par Molesme, que partit saint Bruno pour fonder en 1084, la Grande Chartreuse et l’ordre qui en est issu.
C’est surtout de Molesme que sont sortis les moines qui allaient donner naissance, dans la plaine dijonnaise, au « Nouveau monastère » au printemps 1098.
Ce rare privilège est la conséquence directe ou indirecte du refus d’une faible majorité de la communauté monastique de Molesme d’accepter les réformes souhaitées par son premier abbé : saint Robert.
Cette naissance allait priver Molesme du destin qui aurait dû être le sien.
Mais Molesme fut loin d’être un échec même si son histoire demeure très contrastée. L’abbaye tira sa notoriété dans les premières décennies de son existence, de celle de son fondateur. Malgré le déclin moral, elle demeurera une grande abbaye surtout grâce à l’importance de son temporel
Elle ne souhaitera pas être clunisienne mais elle adoptera certaines règles applicables à Cluny. Elle ne voudra jamais devenir cistercienne. Elle restera bénédictine. Sa constitution particulière en fera cependant une congrégation à part dans l’ordre bénédictin. Mais Robert n’entendait pas faire œuvre novatrice. Il souhaitait seulement réformer la vie monastique de l’époque telle qu’elle était pratiquée notamment à Cluny et qui s’était déformée au cours des siècles. C’est dans le sens d’un retour aux sources que le terme de réforme doit ici être perçu.