Abbaye de Clairvaux

Lorsque saint Bernard, qui n’était alors què Bernard de Fontaine, s’apprête à quitter Cîteaux à la fin du printemps 1115, pour se rendre avec ses compagnons au Val d’Absinthe, l’ordre a déjà entrepris son expansion, sous l’impulsion d’Etienne Harding, avec la création de La Ferté près de Chalon-sur-Saône en 1113. Cette première fille, sera suivie l’année suivante, en 1114 de la naissance d’une soeur, Pontigny, dans le diocèse d’Auxerre, sur les bords du Serein.

C’est à la fin de la troisième semaine de Juin de l’année 1115 que Bernard et ses compagnons vont rejoindre la vallée de l’Aube, sur une terre mise à leur disposition par Josbert le Roux dit Josbert de la Ferté. Le futur abbé de Clairvaux n’a que 24 ans. Etienne l’a désigné pour guider le groupe, sans doute non mécontent de voir partir un personnage dont la présence commençait à être un peu trop pesante; On sait en effet que les relations entre les deux hommes n’étaient pas des plus cordiales même si on a du mal à discerner, ici ou là, les indices d’une opposition entre les deux hommes. Il ne fait aucun doute qu’ils étaient trop différents pour qu’il y ait une certaine harmonie entre eux.
Le groupe qui s’apprête à partir pour le Val d’absinthe, se compose des quatre frères de saint Bernard, Guy, Gérard, André et Barthelemy, de son oncle Gaudry de Touillon, de deux cousins, Robert de Châtillon et Geoffroy de la Roche Vanneau, et de quatre moines, Gaucher, Renier, Helbaud, et Geoffroy d’Aignay. Entrés pour la plupart d’entre eux en religion en même temps que Bernard, ils ont effectué leur noviciat avec lui.
Le lieu d’implantation du futur monastère n’est pas fixé. Plusieurs endroits sont susceptibles de répondre aux exigences. C’est dans l’un d’eux, un vallon entouré de bois où coule un ruisseau, que Bernard et ses compagnons viendront planter leur croix, le 25 juin 1115,. Il était appelé le Val d’Absinthe. L’orientation du vallon lui permet d’être éclairé par le soleil dès le matin et une grande partie de la journée, d’où le nom de claire vallée qui lui sera donné qui deviendra très rapidement Clairvaux.
Les premiers bâtiments, très modestes, nécessaires à la vie de la communauté furent construits en bois. De ce qui a constitué Clairvaux I, il ne reste pratiquement rien aujourd’hui. L’implantation initiale n’a pas eu lieu à la fontaine appelée depuis Fontaine Saint-Bernard qui prend sa source au fond du Val d’Absinthe comme la laissé entendre la légende, mais quelques centaines de mètres plus bas dans le vallon à peu de distance à l’ouest de l’ensemble que nous connaissons aujourd’hui.
Par son charisme, son ascendant sur ses contemporains, l’abbé de Clairvaux va acquérir un tel prestige que de nombreuses recrues se pressent à la porte de l’abbaye. Son autorité est telle que Clairvaux est devenu à partir de 1130, le pôle de la chrétienté médiévale.
La forte croissance du nombre des postulants n’est pas sans conséquence. La fondation de nombreuses filles à partir de 1130 – qui n’étaient que six cette année là – n’a pas suffi à assécher des effectifs pléthoriques. La présence à l’abbaye de plus de 200 religieux est avancée pour l’année 1130. Même si ce chiffre parait exagéré, Il faut envisager la construction d’un nouveau monastère. Le monasterium vetus prévu initialement pour un groupe restreint n’est plus adapté pour accueillir une telle population.
Ce sont les deux bâtisseurs, Achard, entré à Clairvaux en 1124, et qui a conçu Himmerod, en 1134, et Geoffroy d’Aignay, qui vont se charger d’établir le projet qui sera soumis à Bernard.
Le nouvel ensemble sera construit à peu de distance, à l’est, en direction de l’Aube. De cet ensemble monastique, formant Clairvaux II, il subsiste r aujourd’hui quelques restes comme le beau bâtiment réservé aux frères convers, formant l’aile occidentale du cloître et une partie du portail d’entrée.
C’est peu mais c’est un peu mieux que Clairvaux I (Monasterium vetus) dont il ne reste plus rien sauf quelques pans d’un vivier.

Au XVIIIème siècle l’abbaye sera reconstruite pour la mettre au goût du jour. Du nouvel ensemble appelé « Clairvaux III », il reste notamment le Grand cloitre, le réfectoire et la cuisine, la grange, la chapelle Sainte-Anne…
L’abbaye de Clairvaux est sans doute, parmi toutes les abbayes cisterciennes, celle qui a eu le domaine agricole le plus important. Elle a été à la tête de plus 20 granges, dont quelques-unes étaient situées dans le département de la Côte d’Or.
Champigny (fondée avant 1136) sur le territoire de la commune de Riel-les-Eaux, deviendra à la fin du XVème siècle un établissement sidérurgique mettant en œuvre le procédé indirect de fabrication du fer. Cette grange conservera une activité agricole dans ce qu’on appellera à la Révolution « Champigny-la-Grange », située à proximité immédiate. La grange de Maison-Neuve sur le territoire d’Autricourt n’était autrefois qu’une annexe de Champigny.
A cheval sur le territoire de Riel-les-Eaux et sur celui de Cunfin, le territoire de Beaumont qui incluait la paroisse de Hesia ou qui était attenant à celle-ci, appartenait à la fin du XIème siècle à l’abbaye bénédictine de Molesme qui le céda en 1131 à Clairvaux. La grange fut édifiée plus tard. La ferme de la Borde d’Ambre sur le territoire d’Autricourt n’était autrefois qu’une annexe de Beaumont.
Il subsiste aujourd’hui de Beaumont, surtout la grange, restaurée en 1997 et inscrite à l’inventaire supplémentaire. Sa charpente a été refaite en 1747, l’une des poutres mentionne ce millésime.

L’abbaye de Clairvaux sera vendue comme bien national le 10 février 1792 à Pierre Cauzon, architecte à Bar-sur-Aube, au prix de 337 500 livres, pour y installer une papeterie et une verrerie. L’État se rendit acquéreur des bâtiments le 27 août 1808 pour en faire la prison que nous connaissons aujourd’hui. Parmi les personnages célèbres qui y ont été incarcérés, citons au XIXème siècle, Claude Gueux immortalisé par Victor Hugo, le communard Bianqui, le prince Protopkine, Philippe, duc d’Orléans et plus récemment, l’amiral Laborde à la libération, Charles Maurras, les généraux putschistes d’Algérie Maurice Challe, André Zeller, Jean-Louis Nicot ou encore André Louis Petit.

Visites : Tous les jours de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h.
Site web : www.abbayedeclairvaux.com
Contact : Association Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux, Hostellerie des Dames, Clairvaux – 10310 Ville-sous-la-Ferté – Tél 03 25 27 52 55 – Courriel : abbaye.clairvaux@orange.fr