Non loin d’Auberive, à quelques kilomètres en aval sur l’Aube, Longuay, sur le territoire de la commune d’Aubepierre-sur-Aube (Haute Marne), apparaît comme la plus châtillonnaise des abbayes cisterciennes par ses possessions situées, pour une part importante, entre Seine et Aube.
Les historiens ne semblent pas avoir jeté leur dévolu sur cette petite abbaye sauf pour l’extraction du minerai de fer et la sidérurgie dont Longuay s’était fait une spécialité. Il faut remonter au XIXème siècle pour avoir une étude d’ensemble qui nous a été fournie par l’abbé Collot.
Fondé en 1102 par Chrétien et ses deux neveux, Guidon et Hugues, le nouvel établissement était ce qu’on appelle un » hospitale » c’est-à-dire non seulement un hôpital au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais également un hôtel. Il était donc destiné à soigner les malades mais aussi et surtout à accueillir les pèlerins et autres gens de passage ainsi que les pauvres.
Les trois fondateurs étaient originaires des environs de Lugny près de Leuglay où sera édifiée une chartreuse quelques décennies plus tard.
Une maison fut construite près de la porte monumentale qui donnait accès à l’abbaye et que nous pouvons voir encore aujourd’hui. Mais il ne reste rien de cette première construction. Seules des fondations profondément enfouies en font présumer l’existence.
L’implantation reçut l’aval de l’évêque de Langres, Robert 1er de Bourgogne, frère des ducs de Bourgogne Hugues 1er et Eudes 1er, dans l’évêché duquel se situait la nouvelle abbaye. Il fut le premier donateur en procurant aux fondateurs les terrains où ils s’établirent.
En 1136, l’abbaye adopta la règle de saint Augustin et en 1149, à la suite de quelques désordres, les chanoines réguliers, à l’invitation du Pape Eugène III, ancien moine de Clairvaux et sous l’impulsion de saint Bernard mais aussi de son ami et parent, l’évêque de Langres, Geoffroy de la Roche-Vanneau, ils rejoignirent Cîteaux dans la filiation de Clairvaux et Notre Dame de Longuay devint cistercienne.
Le déclin de l’ordre cistercien, amorcé dès la seconde moitié du XIIIème siècle, fut parachevé par l’institution de la commende dans la plupart des abbayes de l’ordre. Le premier abbé commendataire de Longuay, fut Jean d’Amoncourt qui prit ses fonctions en 1532.
A la Révolution, les bâtiments conventuels et leurs dépendances furent vendus comme biens nationaux à Weisbeck et compaguie, le 26 mai 1791 au prix de 56800 livres. Ils avaient été estimés à 22320 livres.
Ils passèrent ensuite à des descendants d’Etienne Bouchu, qui fut l’auteur de la partie consacrée aux forges et à la sidérurgie de l’Encyclopédie de Diderot. Les biens devinrent par la suite la propriété des de Planta de Wildenberg. Ils appartiennent aujourd’hui à la famille Strabach.
La grange aux Dîmes a fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques, le 5 octobre 1925. La partie orientale du château du XIXème siècle et le pigeonnier ont fait l’objet, quant à eux, d’une inscription le 29 juin 2016.