Les commémorations en 2020

Par

Dominique MASSON

L’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon a fait paraître les célébrations de Bourgogne pour cette année 2020. Voici quelques-unes des dates retenues pour le Châtillonnais :

1720 : année de naissance de Bossu.                                                                          

Jean Bernard Bossu est né le 29 septembre 1720à Baigneux-les-Juifs, d’une famille de médecins. Mais il préfère être, d’abord officier d’infanterie, puis officier de marine et sera à ce titre envoyé à la garnison de la Nouvelle-Orléans. Il va ensuite explorer le long du fleuve Mississippi et rencontrer les populations amérindiennes qui vivent sur ses rives. Il se lie d’amitié avec la tribu des Arkansas, qui le reconnaît pour guerrier et pour chef. Au printemps  de 1757, il retourne en France. Il fait un deuxième voyage en 1759 mais, déçu de ne pas être nommé à un commandement, il manifeste son désaccord, ce qui le fait embastiller lors de son retour en France, en 1759. Cependant le roi Louis XV le réhabilite, lui accorde une pension de capitaine et le décore de l’ordre de la Croix de Saint-Louis. Il effectuera un troisième voyage en 1770 et sera e retour en France en août 1771           

De son premier long séjour, il tire : Nouveaux Voyages aux Indes Occidentales; Contenant une Relation des différents Peuples qui habitent les environs du grand Fleuve Saint-Louis, appelé vulgairement le Mississippi; leur religion; leur gouvernement; leurs mœurs ; leurs guerres et leur commerce. Édité à Paris en 1768, ce livre d’ethnologie eut un succès considérable; rapidement, il y eut quatre éditions successives à Paris et Amsterdam, en français, puis en hollandais (1769), en anglais (1771), en allemand (1771-1774), et en russe (1783). Au retour de son troisième voyage, il publia en 1777, à Amsterdam, Nouveaux Voyages dans l’Amérique septentrionale contenant une collection de lettres de l’auteur à son ami.  Il habitait une partie de l’année à Auxerre. C’est en se rendant de cette ville à Aisey-le-Duc qu’il mourut à Montbard, le 4 mai 1792, et où il fut enterré le lendemain.

Figure 1 : Bossu (album de Nesle)

1770 : année de naissance de Rolle.                                                                           

Pierre Nicolas Rolle est né à Châtillon le 17 juillet 1770. Descendant du mathématicien Michel Rolle, dont un théorème porte son nom, il fut reçu avocat en 1789. Il exerça jusqu’en 1792, mais s’enrôla ensuite dans une compagnie faisant partie des colonnes infernales.Élève à l’École Normale et ayant abandonné la carrière militaire, il devint ensuite directeur adjoint de l’École centrale des Travaux publics (future École polytechnique). Il devient aussi collaborateur à la Revue philosophique, au Mercure de France et à la Revue encyclopédique. Bibliophile, il est nommé en 1810 bibliothécaire de la Ville de Paris. Il sera aussi conservateur de la bibliothèque de Châtillon. Il obtient le prix de l’Académie des inscriptions et belles-lettres pour un mémoire sur la mythologie et les religions antiques. Il en tirera, en 1824, un ouvrage en trois volumes, Recherches sur le culte de Bacchus.

Il avait fait l’acquisition, en 1796, de la forge et du fourneau de Voulaines-les-Templiers, conjointement avec François Ligeret, de Dijon. Il la revendit, avant 1807, à son beau-frère, Richard Claude Cousturier. Membre de la Société phylotechnique de Paris, président de l’Académie des antiquaires de France, il fut aussi, en l’an IV et V (1795-1797), conseiller général de Côte d’Or et maire de Chaume-les-Baigneux du 10 novembre 1831 à janvier 1852. C’est là qu’il décède, le 23 août 1855.

Figure 2 : Rolle

1820 : année de naissance de Ronot.                                                              

Charles Ronot est né à Belan-sur-Ource le 28 mai 1820.Après des études au collège de Châtillon, il étudie le droit à Dijon et à Paris. Il passe sa thèse de droit en 1842, mais préfère ensuite faire carrière comme peintre. Elève d’Auguste-Barthélémy Glaize, il devient professeur de peinture, puis, directeur de l’école municipale de dessin à Châtillon ; il deviendra ensuite inspecteur de l’enseignement des beaux-arts à Dijon, en 1878, et enfin directeur de l’école des beaux-arts de Dijon en 1880. Peintre essentiellement de scènes historiques, il participe aux salons parisiens à partir de 1857 (il se verra décerner une médaille en 1876 et 1878). Le 5 mars 1887, il est nommé membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts. Ses œuvres se trouvent dans de nombreux musées français, dont le Louvre. Dans le châtillonnais, on trouve deux tableaux d’autel (Saint Côme et Damien ; la Vierge à l’Enfant ; 1852) dans l’église de Brémur-et-Vaurois ; et, dans l’église de Grancey-sur-Ource, deux tableaux (le martyre de saint Quentin, 1848, et la Résurrection du Christ, 1849), ainsi qu’une partie des tableaux du chemin de croix (le Baptême du Christ, dans l’église de Villiers-le-Duc, pourrait être également de lui).    Une rue à Dijon et une à Châtillon portent son nom. Il meurt à Dijon, le 21 janvier 1895.

Figure3 : Charles Ronot,  chemin de croix, station XIV ; église de Grancey-sur-Ource©D.Masson

1920 : année de naissance de Sordel.                                                              

Michel Sordel est né à Aubepierre-sur-Aube, en Haute-Marne, le 11 novembre 1920. Ingénieur agronome en 1943, il enseigne aux agriculteurs tout en participant à la Résistance. Après-guerre, il s’installe à la ferme de la Pidance à Châtillon; il œuvre à la relance de l’agriculture en Côte d’Or en étant élu, en 1961, président des magasins et silos de Châtillon. Il sera ensuite président de la chambre départementale de la Côte d’Or, vice-président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture et, de 1970 à 1971, membre du Conseil économique et social. Élu maire de Châtillon en 1965, il devient également sénateur de la Côte d’Or en 1971(Républicain indépendant, il rejoint en 1977 le groupe sénatorial de l’Union des Républicains et des Indépendants). Tout au long de son mandat, il prend une part active aux travaux de la commission des affaires économiques et du Plan. Il consacre l’essentiel de son activité parlementaire à des études très spécialisées sur les problèmes de la filière agricole, notamment en étant plusieurs fois rapporteur sur le projet de budget consacré à l’agriculture, sur la loi d’orientation agricole, sur les questions de réglementation foncière ou sur la loi relative à la pharmacie vétérinaire. Il intervient aussi dans des commissions chargées de préparer des projets de loi concernant l’agriculture.                            

A côté de ses fonctions politiques, il est président de l’Union nationale des coopératives de céréales de 1974 à 1990, vice-président la confédération française de la coopération agricole, et il siège entre 1977 et 1989 au Conseil supérieur de la coopération, regroupant les représentants de coopératives, d’administrations et du Parlement. Nommé membre de l’Académie d’Agriculture en octobre 1972 (il en sera président en 1992), il sera fait chevalier de la Légion d’honneur, officier du Mérite agricole, maire honoraire de Châtillon-sur-Seine et sénateur honoraire de Côte-d’Or.                                            

Il décède le 23 février 1994, à Châtillon-sur-Seine. L’hôpital de la ville porte son nom.

Figure 3 : madame et monsieur Sordel (debout, Roger Lécuyer)©Christaldesaintmarc

On peut également évoquer le décès, en 1770, de Jean-Antoine Caristie.                  

Il est né à Borgogesia, dans le Piémont italien, en 1719. Ayant émigré, il s’installe à Dijon et se fait naturaliser. Architecte de talent, ses constructions sont de style classique, présentant un caractère simple et élégant. On trouve de ses constructions aussi bien en Bourgogne (casernes d’Auxonne, châteaux, etc.) qu’à Langres (façade de la cathédrale). Il construisit également plusieurs églises, dont celle de Beneuvre, en1765-1766. Elle est en croix latine à un seul vaisseau, et d’architecture traditionnelle de « style italien ».

Figure 4 : église de Beneuvre ; carte postale

Des événements sont aussi à célébrer.

1870-1871 : la guerre franco-prussienne

Le 2 septembre 1870, Napoléon III, empereur des Français, capitule à Sedan, face aux troupes du roi de Prusse, Guillaume Ier. En France, la République est proclamée le 4 septembre. Dès lors, l’avancée des troupes ennemies en direction de Paris est inexorable. Des volontaires, mobiles et francs-tireurs, ne peuvent empêcher que l’Yonne et la Côte d’Or soient envahies dès le début de novembre 1870.           

Le ministre de l’Intérieur et de la Guerre, Léon Gambetta, confie à Giuseppe Garibaldi, qui a offert ses services à la France, le commandement de tous les corps francs de la zone des Vosges. Le 11 novembre, il organise l’armée des Vosges, sous le commandement de ses deux fils, Menotti et Ricciotti. C’est ce dernier qui attaquera les troupes prussiennes à Châtillon (« la surprise de Châtillon »), le 19 novembre. Le 21 janvier 1871, Garibaldi pourra entrer provisoirement à Dijon. Malgré un armistice signé le 28 janvier 1871 entre Jules Favre et Otto von Bismarck, la Côte d’Or n’est pas concernée et restera soumise à l’occupant. Le traitéde paix sera signé à Francfort-sur-le-Main, le 10 mai 1871, la France étant soumise à de très lourdes indemnités.                                         Une exposition sur la guerre de 1870 et la « surprise de Châtillon » se tiendra du 7 au 15 novembre 2020, à la mairie de Châtillon.

Figure 5 : l’exécution de Léon Vigneron par les prussiens (tableau aujourd’hui disparu) ; Carte postale

On peut rajouter à cette liste les inondations de 1910

Pendant 15 mois, presque continuellement, les pluies n’avaient cessé de tomber sur la région châtillonnaise. La seine déborda les 11 et 12 septembre, à une époque où, normalement, le lit était presque à sec. Des pluies diluviennes s’abattirent du 16 au 18 janvier 1910, gonflant aussi bien la Seine que ses affluents. La conséquence, ce furent les inondations des 19, 20 et 21 janvier dans le Châtillonnais. Paris et sa région furent inondés du 20 au 23 janvier. Le 28 janvier, la Seine à Paris atteignit son maximum historique (8, 68 m).

On circula en barque. Dans le Châtillonnais, une seconde crue intervint les 7 et 8 février. Si les dégâts humains le long de la Seine ont été faibles, ceux matériels seront considérables. Il faudra plus d’un mois pour que le fleuve retrouve son débit normal.

Figure 6 : la mairie lors des inondations de 1910 ; carte postale